Extrait du rapport du jury :
“Le fait que l’amour et la haine peuvent non seulement coexister dans une relation, mais peuvent se révéler dans un seul et unique mouvement, un seul regard, un seul mot – qu’ils aient même parfois besoin l’un de l’autre, que les plus puissantes des émotions soient dépendantes l’une de l’autre quand deux personnes veulent survivre à un monde d’horreur – telle est l’idée que le metteur en scène irako-belge Mokhallad Rasem tente de nous faire connaître. Il appelle sa pièce Romeo and Juliet. Nous n’avions pas d’emblée compris la signification profonde du titre. Mais nous savons bien que tout ce qui semble compréhensible d’emblée est loin d’être convaincant. La pièce raconte la partie de l’histoire que Shakespeare a laissée dans l’ombre. Nous saluons cette ambition remarquable !”
“Il arrive que nous lisions un livre ou écoutions un morceau de musique, regardions un tableau ou assistions à une pièce de théâtre et que soudain, nous sentions le regard de l’auteur, du compositeur, du metteur en scène se poser sur nous – non, je m’empresse de corriger, se poser sur moi. Pas sur la personne à côté de moi. Sur moi. Ce sont des moments de pure magie. Et seul l’art peut nous les offrir. Après coup, on se dit que l’œuvre « nous a touchés ». Gênés, nous usons de cette phrase pour atténuer la peine que nous avons ressentie.
La pièce qu’a choisie le jury comporte plusieurs de ces moments. Cela nous fait mal de reconnaître brusquement qu’entre tous, la personne que nous aimons le plus est aussi celle que nous haïssons le plus. Nous voulons tout à la fois pleurer et nous réjouir. Et nous sommes – touchés.”