Quel est le ciment, le lien d’une société ? Cette question constitue le point de départ d’un ensemble d’activités encadrantes que la Toneelhuis met en œuvre, sous le titre générique de CTZNS, en parallèle à trois créations artistiques : Grensgeval (Borderline, mise en scène de Guy Cassiers), Zielzoekers (Les chercheurs d'âmes, mise en scène de Mokhallad Rasem) et La petite fille de Monsieur Linh, mise en scène de Guy Cassiers.
CTZNS rassemble de « bonnes pratiques » de la société, des initiatives positives qui relient les gens (les citoyens avec et sans papiers). Par le biais de CTZNS, la Toneelhuis souhaite transposer le mode de travail approfondi des artistes (enquête préliminaire, échanges en matière de contenu, choix pertinent du langage et des images, etc.) dans le monde des étudiants en journalisme. Dans la société actuelle, un journaliste assume une responsabilité unificatrice toujours plus importante. Il ne révèle pas seulement les faits de manière à les rendre publics, il crée aussi cette publicité au sens où les opinions et les discussions qu’il lance constituent et étendent l’espace public. Et cela ne concerne pas seulement l’espace physique, mais aussi l’espace mental dans lequel on peut penser librement. Au moyen de mots et d’images, le journaliste (de presse écrite, photographe, reporter photo, etc.) façonne l’opinion publique et porte par conséquent une lourde responsabilité au sein d’une société qui s’unit ou se polarise.
Les expériences positives d'invisible-cities.eu, – une plateforme numérique encadrante qui a fait école dans différentes villes partenaires européennes – et la connaissance que la Toneelhuis a acquise à travers ce projet constituent une excellente base pour l’organisation de CTZNS. En avril 2017, la plateforme sera lancée publiquement, mais les étapes préparatoires sont déjà en cours. Nous vous éclairons dans les paragraphes qui suivent sur les différentes étapes et les premiers développements.
Dans différentes villes européennes, CTZNS fait participer des étudiants en journalisme et des collaborateurs de théâtre à diverses activités sociales et journalistiques. Chaque partenaire participant forme un « réseau de citoyens » dans sa ville avec les écoles et les organisations sociales qui lui paraissent les plus pertinentes en la matière. Dans cette phase initiale, les étudiants et les collaborateurs de théâtre prennent part (et sortent peut-être ce faisant quelque peu de leur zone de confort) à des activités organisées par et/ou pour des personnes fraîchement ou anciennement réfugiées, comme des soirées de rencontre, des collectes, des journées portes ouvertes dans des centres d’accueil, des spectacles, des discussions avec des travailleurs du secteur social... Ces activités peuvent aussi avoir lieu ailleurs que dans sa propre ville. Il s’agit de faire participer l’enseignement et le théâtre à des initiatives du secteur social et culturel.
Ensuite, un groupe restreint d’étudiants en journalisme (éventuellement complété par des personnes intéressées ayant participé à la phase initiale) poursuit le travail de manière plus approfondie dans une phase suivante qui se décline dans des ateliers. Ce noyau dur est accompagné par des experts jusqu’au moment où chacun d’entre eux est en mesure de partir indépendamment en quête d’initiatives citoyennes qui répondent aux critères de « bonnes pratiques » et contribuent à une société qui tisse du lien. Ces « bonnes pratiques » se traduisent vers la plateforme numérique CTZNS.
Le premier atelier a eu lieu du 20 au 24 février 2017 à Anvers avec les étudiants de l’AP Hogeschool. Ils ont travaillé autour de la problématique des réfugiés, chaque jour avec un autre expert – successivement : Mieke Van den Broeck (avocate/activiste), le jeune duo responsable qui a créé le site internet MVSLIM, le philosophe Bart Brandsma qui a animé un atelier autour de sa stratégie de polarisation, et finalement le cinéaste Ruben Desiere qui a travaillé sur l’image et la création d’images.
La formule CTZNS – et ses diverses étapes – accompagne les tournées des trois créations de la Toneelhuis et peut être complétée dans les différentes villes où les productions font halte. CTZNS a pour objectif d’être un panorama hétéroclite et étendu d’initiatives citoyennes positives, créé et géré par de jeunes gens avec ou sans passé de réfugié, en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Espagne. À mesure que les spectacles poursuivent leur tournée, le projet peut être enrichi par des jeunes d’autres pays où de nouveaux partenaires qui s’y joignent.
Pour le projet central Beyond Borders (qui englobe CTZNS, Grensgeval, Le petite fille de monsieur Linh et Zielzoekers), une aide a été demandée à l’Union européenne. Vluchtelingenwerk Vlaanderen (une organisation de protection des demandeurs d’asile et des réfugiés en Flandre) participe en tant que partenaire actif à l’élaboration (au niveau du contenu) de la plateforme numérique et est candidate à la reprise du site internet à l’issue du projet. Ainsi, CTZNS peut se développer en un projet durable, susceptible d’exercer une influence à long terme sur la société.