Dirk Roofthooft à propos de la préparation du monologue Rouge décanté

Les comédiens sont en mesure d’apprendre par cœur des textes interminables et de les interpréter devant un public comme s’ils inventaient les mots sur-le-champ. Ils sont des champions du monologue. Mais comment font-ils ? 

Dirk Roofthooft lève un petit coin du voile à propos de sa préparation pour le monologue Rouge décanté.

« M’isoler est devenu un rituel immuable.

Cela m’aide à occuper mon esprit de manière aussi monomane que possible et à me concentrer exclusivement sur le texte et la langue en question, afin que mon attention soit focalisée autant que faire se peut sur le matériau du monologue.

Dans le meilleur des cas, le rituel de l’isolement me plonge dans une sorte de transe, un état de concentration suprême.

Aussi, je préfère m’isoler dans un lieu sans distraction : pas d’internet, pas de télévision ni de musique ou quelque autre forme de dissipation potentielle.

Un espace dans lequel on ne peut que travailler et où l’on peut dormir dès qu’on se sent un peu étourdi, de jour comme de nuit. Un endroit où aussitôt éveillé, on peut se remettre au travail à tout moment du jour ou de la nuit sans déranger le sommeil de l’être cher.

Cela signifie donc un lieu dont l’être cher et tous les autres proches sont absents, un lieu où je ne me sens pas coupable de rester pour ainsi dire inerte, des heures durant, à rêvasser, le regard dans le vide, quand le texte s’impose brusquement à moi.

Je me sens un peu comme un peintre dans son atelier, à la différence près qu’à ce moment inopiné, le peintre peut se précipiter d’emblée sur sa toile blanche, tandis que moi, je dois attendre le moment où je monte sur scène le soir, en espérant que d’ici là, il subsiste quelque chose de l’inspiration qui s’est emparée de moi à ce moment soudain.

Je rêve aussi souvent d’un espace reclus où, à ce moment imprévu où tout converge subitement, je m’avance calmement vers la porte, l’ouvre doucement et me retrouve directement sur scène, dans un théâtre dont les lumières s’éteignent au moment précis où je franchis la porte et dont la scène s’éclaire petit à petit.

Encore une différence avec le peintre : sa toile immaculée attend paisiblement ce moment fortuit. Mon public quant à lui n’attend pas : à 20 heures précises, cette porte doit impérativement s’ouvrir en douceur, comme convenu. »

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