Rouge décanté est l’un des requiem les plus poignants de la littérature néerlandaise, écrit par Jeroen Brouwers, mis en scène par Guy Cassiers et interprété par le phénoménal Dirk Roofthooft.
Jeroen Brouwers a écrit Bezonken rood (Rouge décanté) (1981) dans les semaines qui ont suivi le décès de sa mère. En 1943, Jeroen Brouwers, qui avait trois ans à l’époque, fut interné avec sa sœur, sa mère et sa grand-mère dans le camp pour femmes de Tjideng, dans l’actuelle Jakarta. L’auteur relate comment, lors du séjour dans le camp, ses rapports avec sa mère furent irrémédiablement brisés pour le reste de sa vie, et comment chacune de ses relations amoureuses succomba sous ce fardeau.
Rouge décanté est une prière, une invocation, un poème funéraire, une lettre d’adieu, un hymne, un anathème, un cri de désespoir, une complainte… Tout cela en un récit émouvant, dur et poétique.
« Le théâtre peut parfois être hallucinant. Un trip, un rêve qui vous arrache de votre fauteuil au théâtre. C’est rare, mais Guy Cassiers et Dirk Roofthooft y sont arrivés dans Rouge décanté. (...) Roofthooft est un comédien phénoménal. Mais il n’est pas seul pour arriver à ce résultat. Grâce à la qualité sonore plus que parfaite, chaque soupir infime, chaque inflexion de sa voix s’entend. Cela fait surgir une subtilité jamais vue. Dans cette grande salle de théâtre, chacun a l’impression que l’histoire est racontée rien qu’à lui. » – Marian Buijs dans De Volkskrant (NL)
« Rouge décanté est une ode à la maestria. Une soirée pour mourir à petit feu. J’espère que Dirk Roofthooft continuera à jouer cette pièce jusqu’à la fin de ses jours. » – Ruth Joos dans De Standaard 07/06/10
« Un spectacle magnifique ! C’est l’une des rares mises en scène de théâtre dans lesquelles les images filmées n’illustrent pas, ne distraient pas, et ne font pas disparaître le comédien : au contraire, les images le renforcent et se fondent avec lui. » Javier Vallejo dans El Pais (ES)
« Le metteur en scène belge Guy Cassiers et son compatriote l’acteur Dirk Roofthooft, qui cosignent avec Corien Baart une adaptation limpide du texte, offrent une extraordinaire réponse à l’éternelle question du traitement de la violence au théâtre. Sans hurlement ni Kalachnikov, ils donnent à ressentir la destruction d’une vie par la voix d’un acteur seul en scène. Immense Dirk Roofthooft à la présence profondément ancrée, calme et captivante, et qui simplement raconte, prenant le temps de déposer ses mots lestés de fatigue. Rien n’est joué, rien n’est illustré. Il n’y a que ces caméras vidéo vers lesquelles l’acteur choisit alternativement de se diriger et qui renvoient, sur les lames d’un mur de persiennes situé dans son dos, l’image d’un être morcelé. » - Maïa Bouteillet dans Libération (FR) 22/07/2006