Risjaar (Richard) est répugnant. Il est né prématurément, il n’est pas fini. Il est malformé, il boîte et il est laid comme la nuit. Pendant la Guerre des Roses qui s’est déclarée à la mort de Henry V, Risjaar s’est battu comme un lion pour sa famille aux côtés de son frère Edwaar (Edward). Et maintenant Edwaar est roi, grâce à une série d’assassinats politiques, concoctés par son estropié de petit frère. Mais la fin de la guerre ne procure pas à Risjaar le repos escompté. 

Risjaar ne trouve pas la paix. Son aversion pour l’espèce humaine, dont il ne fera jamais partie, est trop ancrée en lui. En revanche, quelque chose est né, quelque chose s’est ravivé. Une notion. Une fureur, une faim dévorante et sans scrupules d’ambition. Une possibilité de se dépasser : “Si tu te cherches un salopard, je te le joue vite fait."

Tom Dewispelaere et Stijn Van Opstal ont à nouveau réuni – après Augustus ergens op de vlakte – une distribution prodigieuse.

Dans la pièce Richard III, Shakespeare a créé l’un des monstres les plus mémorables de la littérature. Ce qui le rend si attrayant est son amoralité débridée et joyeusement affichée sans aucune gêne. Jamais pareilles opinions inhumaines, éhontées et impudentes n’ont été proférées sur un ton aussi jubilatoire.

Risjaar Drei brosse le portrait d’une élite, d’un petit groupe de puissants qui a réduit la politique à un jeu d’échecs dans les couloirs et les antichambres. Le terreau idéal pour voir éclore le plus retors, le plus habile, le plus éloquent, le plus impitoyable d’entre eux en un dictateur pervers. Le pouvoir comme finalité. Mais que faire de ce pouvoir une fois acquis ?