« La saison passée ressemble quasi à une ode au théâtre, l’un des lieux les plus anciens mais les plus efficaces pour inviter une société à oser se regarder en face, une expérience souvent vécue comme cathartique », peut-on lire dans l’introduction du rapport du jury dirigé cette année par Helmut Lotigiers.
Un extrait des motivations du jury pour le choix de Hamlet vs Hamlet : « Une mise en scène magistrale de Guy Cassiers de Hamlet de Shakespeare. (…) Un jeu intense et physique d’Abke Haring, à la hauteur de la force du texte de Tom Lanoye qui se lit comme un manifeste limpide et captivant contre l’avidité du pouvoir. (…) La scénographie d’Ief Spincemaille est tout simplement formidable. (…) Une image forte de la frontière fragile entre guerre et paix. Autrefois et aujourd’hui. »
Une citation de la motivation du jury pour sa sélection de notallwhowanderarelost : « Au chaos trépidant et à la vitesse spectaculaire de notre société, cette production offre une réponse cristalline qui respire le calme et l’apaisement. Verdonck force l’admiration avec cette ode à la lenteur, débordante de fantaisie stimulante. Ceci n’est possible qu’au théâtre. Il donne à voir aux adultes, comme s’ils étaient des enfants, une cadre en bois en apparence très simple, qui rappelle un théâtre de marionnettes démonté. Le “ballet de triangles” qui s’ensuit effectue tous les mouvements possibles et impossibles – avec nos remerciements à Verdonck qui tire soigneusement les bonnes ficelles ou se faufile s’il le faut entre les planches en bois – et représente la fragilité de la perfection. Et du perfectionniste. Verdonck se rend très vulnérable en tant que manipulateur de ficelles et travaille avec une concentration extraordinaire à l’image finale fascinante qui nous fait sortir de la salle les yeux scintillants d’émerveillement. »
Une citation du rapport du jury à propos de Van den vos : « Quelle bande de crâneurs ces membres de FC Bergman. (…) Ils ont de toute évidence le flair pour les images saisissantes et la faculté de traduire un thème – en l’occurrence une épopée animalière légendaire – en une série d’images captivantes et marquantes. Les bêtes de scènes que sont Dirk Roofthooft et Viviane De Muynck ajoutent de la truculence à ces images. Le texte de Josse De Pauw et l’interprétation vocale du renard par Gregory Frateur ajoutent de la couleur à la série d’images. Van den Vos traite du renard en chacun de nous. Si on abhorre ces agissements et qu’on les condamne, on ne peut nier qu’en chacun de nous sommeille un renard potentiel. Les extraits de film, sublimes, recèlent aussi cette hypocrisie : on a beau considérer les meurtres atrocement cruels, on continue à regarder avec fascination. Comme au cinéma, ou dans la vraie vie. Avec ce tour de force, cette jeune compagnie prouve qu’elle est en train d’écrire un nouveau chapitre, intensément visuel, de notre histoire du théâtre. Ce spectacle constitue une étape intéressante dans leur œuvre et évolution, parce que la beauté visuelle et la force du contenu n’avaient jamais atteint un tel équilibre. »