En 2019, la production Bruegel de Lisaboa Houbrechts a surpris à plus d’un titre et en particulier par le dialogue captivant qu’elle a su faire émerger sur scène entre le théâtre et la musique interprétée en direct. Voilà qui n’a pas échappé au compositeur Fabrizio Cassol. Aussi lui a-t-il d’emblée proposé une collaboration. Avec des projets comme Coup Fatal et Requiem pour L., Cassol a démontré sa maîtrise de la « recomposition » de musique existante qu’il transforme en un récit nouveau.

Et ce nouveau récit est exceptionnel : à partir du personnage de Tcha Limberger, le musicien rom aveugle, I Silenti établit un lien entre le Porajmos, le génocide oublié des Roms et des Sinté durant la Seconde Guerre mondiale, et des extraits des madrigaux de Monteverdi qui parlent d’amour et de guerre. Deux mondes en dialogue qui finissent par se fondre.

Outre Tcha Limberger, Claron McFadden, Nicola Wemyss et Jonatan Alvarado assurent les parties chantées et déclamées. Philippe Thuriot, Georgi Dobrev, Simon Leleux et Vilmos Scikos les accompagnent avec un arsenal d’instruments de traditions musicales très diverses. Dans cet univers hybride, Houbrechts évoque, avec l’apparition de la danseuse indienne Shantala Shivalingappa, des échos de la mère perdue, l’origine indienne de Tcha et des Roms.

I Silenti est un poème qui ne raconte pas seulement l’histoire de Roms, mais celle de tous ceux à qui on impose le silence.