Le sec et l’humide est un projet à petite échelle, dans lequel Guy Cassiers poursuit le thème qu’il a exploré précédemment dans sa production impressionnante Les bienveillantes (2016) d’après le roman éponyme de Jonathan Littell
Lors de l’écriture de son roman circonstancié, Littell a également rédigé un texte intitulé Le sec et l’humide, dans lequel il décortique le langage et les métaphores des écrits fascistes du Belge Léon Degrelle : face à l’approche créatrice, constructive, ordonnée, sèche et nette des Allemands et des sympathisants de la cause allemande, Degrelle dépeint des images horribles du monde russe faible, désordonné, débraillé, poisseux, vaseux, fumeux et humide dans lequel les adversaires allemands risquent d’être entraînés. Guy Cassiers met le texte en scène comme une lecture académique qui déraille progressivement : la voix d’un académicien objectif est petit à petit couverte par celle de Degrelle lui-même.
L’IRCAM – l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique – a offert à Guy Cassiers la possibilité d’effectuer des expériences sur le son et la voix pour son spectacle. Au moyen d’enregistrements sonores historiques conservés dans des archives, Guy Cassiers fait raconter l’histoire de Léon Degrelle en campagne en Russie et le récit de sa fuite vers l’Espagne par l’historien « objectif », mais chemin faisant, la ligne de démarcation entre le narrateur et son sujet s’estompe. Par de subtiles interventions sur le son et la voix, Cassiers fait se fondre le passé et le présent, et Degrelle lui-même devient le narrateur. Une transformation tout aussi intrigante qu’effrayante (avec nos remerciements à la voix profonde de Johan Leysen). La pensée qui sous-tend Les Bienveillantes n’est jamais très éloignée : « N’affirmez jamais : je ne tuerai pas. C’est impossible. Vous pouvez tout au plus dire : j’espère que je ne tuerai pas. »
Le sec et l'humide fait partie du Projet Littell, avec le support du Creative Europe Progamme of the European Union.
Partant d’une conférence fictive à partir de l’essai de Léon Degrelle, belge de son état et fasciste de conviction (jusqu’à s’engager dans la Waffen-SS), Guy Cassiers fait bouger au propre comme au figuré, visuellement et sonorement, les lignes du monstre fasciste et de l’humain en nous.
"Mais là ou Cassiers réussit à nous ébranler, c’est par sa manière subtile de démontrer comment l’évolution et la simple perception du langage, peuvent faire dériver des foules entières vers des systèmes redoutables."
"Perturbant évidemment d'assister "spectaculairement", grâce à une collaboration de Cassiers avec l'Ircam, aux risques de manipulations auxquels nous sommes tous et à chaque instant soumis : oui veillons à ne pas être métamorphosés en monstre."
mise en scène
- Guy Cassiers
dramaturgie
- Erwin Jans
texte
- Jonathan Littell
interprétation
- Filip Jordens
conception son
- Diederik De Cock
voix
- Johan Leysen
assistance à la mise en scène
- Camille De Bonhome
production
- Toneelhuis
- Toneelhuis
coproduction
- IRCAM - Institut de Recherche et Coordination Acoustique / Musique
avec le soutien de
- Cultuur Programma van de Europese Unie