Une Toneelhuis vive, colorée et collective

Une Toneelhuis vive, colorée et collective

La polyphonie artistique fait la différence

Découvrez la saison 2023 - 2024 !

Le monde n’invite pas vraiment à la joie et à l’enthousiasme. C’est bien le moins qu’on puisse dire. Notre réponse radicale à tant de morosité est une polyphonie artistique. Non pas un optimisme naïf, mais une conviction profonde qu’un imaginaire protéiforme peut faire la différence. Voilà pourquoi nous avons choisi des affiches aux couleurs vives, aux différentes polices de caractères et aux slogans tantôt forts, tantôt poétiques, parfois provocateurs, parfois drôles. Autant de signatures d’une grande ouverture sur un monde divers.

La saison écoulée fut haute en couleur. Nous avons transformé la Toneelhuis en une organisation portée par un collectif. Les créateur·rices rattaché·es à la maison assurent désormais la direction artistique et assument l’ensemble des responsabilités inhérentes à tous les aspects de la politique artistique. Cette forme de direction intergénérationnelle, diverse et collective d’un grand théâtre est unique au monde. Avec cette formule pionnière, la Toneelhuis souhaite de surcroît jouer un rôle de précurseur au niveau international.

Les trajectoires artistiques individuelles des différent·es créateur·rices de théâtre sont la force motrice de notre maison. Au-delà de leurs différences, les créateur·rices partagent une passion pour le grand geste et le grand récit. Ils et elles s’efforcent d’utiliser tous les langages et toutes les disciplines artistiques. Le travail hybride et interdisciplinaire est contenu dans leur ADN artistique.

La Toneelhuis crée également un espace de travail pour d’autres créateurs qui complètent, stimulent et remettent en question ses propres productions, et ce, dans le cadre de festivals, d’ateliers et de coproductions avec des partenaires. La Toneelhuis considère la générosité envers d’autres compagnies et le partage de ses espaces de théâtre – le Bourla et Kambala – comme une partie essentielle de son fonctionnement artistique.

La saison 2023-2024 s’inscrit sous le signe de la générosité et de l’ouverture sur le monde. Beaucoup de choses font que la vie vaut la peine d’être vécue, il suffit de les voir et de les apprécier. Comme une dame-blanche. Ou des films de kung-fu. Ou pouvoir rester éveillé·e tard et regarder la télévision. Pour n’en citer que quelques-unes. La liste est longue. En tout cas, c’est ce que fait le petit garçon de sept ans dans Alle schone dingen [Toutes les choses géniales] (Duncan Macmillan) pour aider sa maman dépressive et suicidaire à s’en sortir. Le réconfort des choses simples et belles de la vie quotidienne. Un spectacle de Tom Dewispelaere (Olympique Dramatique), idéal pour ouvrir la saison.

D’autre part, l’infiniment grand recèle aussi une beauté inattendue et bouleversante. Dans son spectacle Shelly Shonk Fiffit, Benjamin Abel Meirhaeghe dépeint sa passion pour rien de moins que le cosmos, un thème aussi insondable que le titre du spectacle. Fasciné par le télescope spatial James Webb, le plus grand et le plus sophistiqué construit à ce jour, et subjugué par l’imagination humaine infinie, il crée, avec un groupe d’interprètes hétérogènes, un voyage extatique qui traverse à la fois notre monde intérieur et nous emmène jusqu’aux confins du cosmos. Avec une création musicale électronique psychédélique de Caterina Barbieri, ce spectacle constitue une ode musicale à la fantaisie humaine qui permet à l’être humain de se transcender, au sens propre comme au sens figuré.

Thomas Verstraeten et Bart Van Nuffelen restent plus près de la maison : leur cosmos à eux, c’est la rue. La ville, sa multitude, sa diversité et sa résilience les émerveillent. En ce début de saison, la série Seefhoek de Thomas Verstraeten est un hommage affectueux au quartier hyperdivers du Seefhoek, au nord d’Anvers, où il vit lui-même. Des scènes et des événements quotidiens – du football de rue, des étals de nourriture, le ramassage des ordures, un prêcheur africain… – lui inspirent des spectacles, des vidéos et des installations. À la fin de la saison, Bart Van Nuffelen invite une centaine d’habitants du quartier de Deurne Noord – d’où le titre Honderd [cent] – à monter sur les planches du théâtre Bourla. Les deux spectacles font partie du projet UNLOCK THE CITY!, une collaboration entre différentes villes européennes, entre différentes disciplines et différent·es universitaires, urbanistes et artistes.

La ville est le lieu par excellence où des gens du monde entier se rencontrent, se touchent et se heurtent. Dans son spectacle FRICTION, la chorégraphe et femme de théâtre Sophia Rodriguez se demande si les véritables frictions entre les gens n’ont cependant pas tendance à disparaître dans notre société capitaliste de plus en plus lisse. Elle se demande si le fait de provoquer délibérément des frictions entre les gens n’est pas un moyen de les libérer des différences psychologiques et culturelles qui les empêchent souvent d’entrer en contact avec les autres. La friction devient dès lors un acte délibéré qui permet peut-être de finalement effacer par frottement les projections, dogmes et identités fixes comme s’il s’agissait de morceaux de bois sec.

Mais jouer avec des identités imaginaires peut aussi être libérateur. Lorsque la marquise d’Arconati-Visconti hérite du château de Gaasbeek, dans la périphérie de Bruxelles, à la fin du XIXe siècle, elle ne ménage pas ses efforts pour le transformer en un château féerique du XVe siècle, de style Renaissance. Il devient un décor théâtral pour ses extravagantes mises en scène personnelles. FC Bergman s’inspire de son imagination débordante pour créer le spectacle Ne Mobliez Mie (revue de capsules perdues), pour lequel ils ont effectué des prises de vue au château de Gaasbeek.

Les grandes pièces du répertoire classique continuent également à nous hanter. Que peut-on encore faire aujourd’hui de cette beauté qui paraît fossilisée ? Dans Klytaimnḗstra, STAN & Olympique Dramatique optent pour une mise à jour radicale : ils mêlent la tragédie grecque d’Eschyle, son adaptation de Ted Hughes et celle de Gustav Ernst. Le résultat donne lieu à une dissection polyphonique, poétique, acérée et quadrilingue de la violence, de la soif de pouvoir et de la misogynie.

Outre ces sept créations, nous offrons chaque saison, à travers nos « Ateliers » un espace, de l’accompagnement et du soutien à plusieurs metteur·ses en scène et/ou collectifs de théâtre pour créer leur nouveau spectacle. Ce parcours se réalise en coopération avec d’autres partenaires théâtraux. Les spectacles pour grandes salles qui s’y créent sont ensuite présentés à la Toneelhuis. Cette saison, Rosie Sommers et Micha Goldberg travaillent au projet GERMAN STAATSTHEATER et Mario Barrantes Espinoza au projet Flesh can’t can’ t not’t ‘tis flesh h… Parallèlement, nous poursuivons deux autres traditions : le festival Love at first Sight et le programme Antwerpse Kleppers.
Nous espérons par ailleurs vous accueillir nombreux à nos conférences, causeries et débats sur le répertoire, les générations, les processus artistiques et la place de l’art dans la société.

Mais avant tout, nous vous souhaitons un été chaud et reposant, baigné de couleurs vives.

Benjamin Abel Meirhaeghe
FC Bergman
Gorges Ocloo
Lisaboa Houbrechts
Olympique Dramatique
et toute l’équipe de la Toneelhuis
 

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