Les mots ne viennent qu’avec parcimonie. Et dans le silence, les rares mots prononcés sont irrévocables, impérieux et peut-être même (seront-ils un jour) thérapeutiques.
t’es-tu approché quand je dormais
m’as-tu touchée pour aussitôt m’abandonner
ou
es-tu resté près de moi jusqu’à mon réveil
et dès que j’ai ouvert les yeux
tu as disparu
en marchant à reculons
afin que je ne puisse pas voir
que tu étais avec moi – dans la chambre
reviens-tu ?
es-tu là ?
puis-je faire quelque chose ?
pour que tu restes ?
Après UNISONO, un solo dans lequel Abke Haring a donné libre cours aux différentes voix qui résonnent dans sa tête, elle recherche dans PLATINA la compagnie d’une présence réelle, interprétée par Koen van Kaam, avec qui elle engage la conversation. Ou tout du moins, avec qui elle souhaite engager la conversation. Pour autant qu’une conversation soit possible. Ou permise. Ou évitée.
Abke Haring : « Quand je crée un spectacle, je trouve que la majeure partie est dite dans les silences. C’est aussi comme ça que je me positionne dans la vie : ressentir et être. On peut tellement faire dans le silence : la façon dont on se regarde, l’endroit où on se tient, loin ou près, confiant ou mal assuré ? Ce que je préférerais, c’est faire des images ou des mouvements, mais comme je veux raconter des choses, ce sont toujours les mots qui me viennent. »
Mais ils ne lui viennent qu’avec parcimonie. Et dans le silence, les rares mots prononcés sont irrévocables, impérieux et peut-être même (seront-ils un jour) thérapeutiques. Pour ce duo intimiste, Jimi Zoet conçoit un paysage sonore pénétrant qui suit à la trace les circonvolutions des pensées de Haring & Co.