À l’instar du spectacle précédent Up Your Ass (une co-création avec Nona Demey Gallagher), The Truthful se penche à son tour sur l’observation et la découverte de la vérité.
S’appuyant sur des points de vue dangereusement réalistes, en partie retranscrits de propos tenus par son oncle, le prédicateur Dr Nasir Siddiki, le spectacle représente la matière complexe qui s’agrège au concept de religion ainsi que de petits miracles et des conflits confessionnels qui prolifèrent et qu’on exploite à grande échelle.
L’attrait de la pensée actuelle de la droite ultra-conservatrice connue sous la dénomination d’alt-right et le concept de dévotion en tant que phénomène au sein de la politique et de la culture pop sont également des domaines de recherche dans le spectacle, mis en scène à partir d’un désir ardent et implacable de raconter et de traduire.
Avec du charisme, des rassemblements de masse et de la capitulation comme principales
sources d’inspiration, nous – le public – atterrissons collectivement sur la pente glissante entre foi, vérité et folie. Siddiki et la compositrice Elisabeth Klinck abordent le son et la musique comme une puissance sublime, susceptible de connecter, d’éblouir, de séduire les gens et de leur faire vivre une expérience immersive qui transcende le langage parlé ou le discours classique, les touchant même en tant que tel de manière charnelle. La création comprend des costumes anachroniques, avec des éléments plus grands que nature, qui transforment la distribution en demi-dieux et déesses hyper-esthétisés.
Comme à son habitude, l’œuvre protéiforme de Siddiki recèle de nombreuses références à des artistes qu’elle admire. Dans The Truthful on découvre, un peu comme des « œufs de Pâques » cachés, des références à l’installation vidéo Belshazzar’s Feast de Susan Hiller, au livre Les Versets sataniques de Salman Rushdie (originaire
de la même région d’Inde que le grand-père de Siddiki), à Hilma af Klint (qui animait ses tableaux de spiritualité), à Judy Chicago, à Kanye West, à Daniel Johnston et à RuPaul, le prophète drag des temps modernes et parangon du nouveau rêve américain libéral, qui
nous crie « succès, succès, succès ! »