
Pour Symphony for one hundred citizens and a traffic light, Heleen Van Haegenborgh et Thomas Verstraeten créent une grande symphonie urbaine à partir de sons urbains quotidiens. Ils travaillent avec cent habitant·es de tous les coins de la ville d’Anvers, qui jouent chacun·e de leur propre « instrument ». Sur scène : pas de cordes, de bois ni de percussions, mais des voitures dont les moteurs grondent, une terrasse ensoleillée où tintent les verres, des chiens qui aboient, une valise à roulettes qu’on tire sur les pavés, un guitariste de rue qui chante, un cantonnier qui manie un marteau-piqueur, une horloge qui sonne les douze coups, des oiseaux qui gazouillent… Tous réunis, les instruments forment un collage sculptural de la ville sur la scène de la salle bleue de DE SINGEL.
La composition s’inscrit dans le sillage des expériences participatives de la Russie de l’entre-deux-guerres et en particulier de la Symphonie pour Sirènes initiée par le musicologue Arseny Avraamov, qui avait demandé précédemment aux dirigeants russes de confisquer et de détruire tous les pianos, afin d’en finir une bonne fois pour toutes avec la musique bourgeoise. Après des expériences avec des sifflets à vapeur provenant d’usine, il a finalement créé une symphonie bruitiste spectaculaire dans le port de Bakou, le 7 novembre 1922, pour la célébration du cinquième anniversaire de la révolution d’Octobre. L’orchestre était composé de sirènes, de moteurs d’usine, d’un chœur de klaxons de voitures et d’autobus, de mitrailleuses et d’un gigantesque orgue de sifflets à vapeur. Sur le plan pratique, l’exécution a cependant mal tourné : la composition était trop compliquée et les trop grandes distances entre les différents segments de l’orchestre ont entravé une communication fluide et bien structurée, et ont donc empêché une expérience artistique uniforme.
Thomas Verstraeten et la compositrice Heleen van Haeghenborg poursuivent ensemble cette recherche fascinante, mais avec l’ambition de transcender l’aspect gadget de l’expérience russe et de créer et d’exécuter une nouvelle pièce de musique contemporaine dont les sons urbains constituent le matériau de base. La structure devient celle d’une symphonie classique et les sonorités seront traitées comme des groupes d’instruments, avec transparence, clarté, contraste, variation, thèmes, etc.
Outre une composition et un concert de haute qualité artistique et professionnelle, il s’agit une fois de plus d’un projet fédérateur, qui permet à des personnes très diverses, issues des différentes communautés configurant la riche constellation de la ville de se rassembler pour jouer ensemble de la musique.
Symphony for one hundred citizens and a traffic light est un portrait urbain, un collage sonore de la ville qui tente de formuler une réponse à la question de John Cage : « Lequel est le plus musical, un camion qui passe devant une usine ou un camion qui passe devant une école de musique ? »
conception, mise en scène
- Thomas Verstraeten
composition
- Heleen van Haegenborgh
exécution musicale
- inwoners van de stad Antwerpen
- studenten van het Koninklijk Conservatorium Antwerpen
- studenten Conservatorium Gent
direction musicale
- Tom De Cock
dramaturgie
- Katherina Lindekens
- Seckou Ouologuem
conception lumière
- Ken Hioco
outreach
- Adel Setta
production
- Toneelhuis
coproduction
- DE SINGEL
- De Warande
avec le soutien de
- Tax Shelter maatregel v/d Belgische federale overheid via LOOK@LEO
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