Guy Cassiers appartient au cénacle des plus grands créateurs européens de théâtre. Son langage théâtral singulier, qui fait s’unir la technologie visuelle à la passion pour la littérature, est apprécié tant dans son propre pays qu’à l’étranger. Il a reçu le prix Thersites de la critique flamande pour l’ensemble de son œuvre (1997), le Prix pour les arts de la ville d’Amsterdam et le Werkpreis Spielzeiteuropa des Berliner Festspiele pour son cycle sur Proust (2004), le Prix Europe Nouvelles réalités théâtrales (2009) et, de pair avec Ivo Van Hove, un doctorat Honoris Causa pour mérites généraux par l’Université d’Anvers. Au mois de mai 2017, Guy Cassiers a reçu les insignes d’Officier de l’Ordre des Arts et Lettres du ministre français de la Culture.
De 2006 à 2008, Guy Cassiers s’est concentré, dans son Triptiek van de macht (Triptyque du pouvoir) (Mefisto for ever, Wolfskers et Atropa. De wraak van de vrede (Atropa. La vengeance de la paix), sur les relations complexes entre l’art, la politique et le pouvoir. Il a continué sur ce thème dans un nouveau triptyque autour de De man zonder eigenschappen (L’Homme sans qualités), le grand roman de Robert Musil [De parallelactie (L'action parallèle, 1e partie, première : juin 2010), Het mystieke huwelijk (Le mariage mystique, 2e partie, première : septembre 2011) et De misdaad (Le crime, 3e partie, première : mai 2012)]. Outre le visuel, la musique joue un rôle toujours plus important dans les spectacles de Cassiers, comme le prouvent sans conteste les deux créations d’opéras qu’il a montées en 2009: House of the Sleeping Beauties (Les belles endormies) (musique Kris Defoort) et Adam in Ballingschap (Adam en exil) (musique Rob Zuidam). Entre-temps, il a mis en scène le cycle complet de L’Anneau du Nibelung de Wagner à Berlin et à Milan (2010-2013).
L’intérêt croissant de Guy Cassiers pour l’histoire politique européenne ressort également de projets comme Bloed & rozen. Het lied van Jeanne en Gilles (Sang & roses. Le chant de Jeanne et Gilles – 2011), qui traite du pouvoir et des manipulations de l’Église, et Duister hart (Cœur ténébreux d’après Heart of Darkness de Joseph Conrad – 2011) qui se situe dans le passé colonial. Avec des productions telles que SWCHWRM, Guy Cassiers ose donner une touche plus légère à ses œuvres, que l’on retrouve aussi dans Middenin de nacht (Au beau milieu de la nuit), une production d’ensemble de la Toneelhuis en janvier 2012.
En 2013, Guy Cassiers et Katelijne Damen créent Orlando d’après Virginia Woolf. Le spectacle est sélectionné pour le Nederlands Theaterfestival 2013. Au cours de la saison 2013-2014: Guy Cassiers se tourne vers le grand répertoire du théâtre et met en scène deux productions inspirées de Shakespeare: le spectacle de théâtre musical MCBTH et Hamlet vs Hamlet, sur un texte de Tom Lanoye. Cette dernière production, accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la presse et le public, est sélectionnée pour le Theaterfestival 2014 en Flandre et aux Pays-Bas. En 2014, l’Université d’Anvers a décerné à Guy Cassiers et à Ivo van Hove un doctorat honoris causa pour l’ensemble de leur œuvre. En 2014-2015, Guy Cassiers met en scène avec l’ensemble des acteurs et créateurs de la Toneelhuis De blinden de Maurice Maeterlinck. À HETPALEIS, il réalise, en partenariat avec l’organisation socio-artistique KunstZ, un spectacle inspiré du livre Het vertrek van de mier de Toon Tellegen. Il clôture la saison avec Passions humaines, un spectacle autour du personnage de Jef Lambeaux, le sculpteur du XIXe siècle, sur un texte d’Erwin Mortier et avec une distribution bilingue, néerlandophone et francophone. Au cours de la saison 2015-2016, il met à nouveau en scène deux pièces qui s’articulent autour du pouvoir et de l’abus de pouvoir : Caligula de Camus et De welwillenden (Les bienveillantes) d’après le roman éponyme de Jonathan Littell. Le projet de plus petite envergure, Le sec et l’humide (2015), initialement engagé en tant que projet de recherche d’après l’essai éponyme de Jonathan Littell autour du même thème que Les Bienveillantes, a évolué en spectacle de théâtre à part entière, effectue une tournée et est à l’affiche du Festival d’Avignon 2017. À Lille, Guy Cassiers met en scène l’opéra Xerse van Francesco Cavalli. Pour la saison 2016-2017, il prépare De moed om te doden (La force de tuer) de l’auteur dramatique suédois Lars Norén. Dans Grensgeval (Borderline) il s’attaque au texte véhément de la lauréate du prix Nobel Elfriede Jelinek. À l’occasion de l’inauguration du festival urbain Op.Recht.Mechelen, extraits du spectacle Sang & roses (2011) sont présentés sous forme de lecture concertante.Au Japon, il recrée le spectacle de théâtre musical House of the Sleeping beauties, d’après le roman de Kawabata, qu’il a créé en 2009 avec le compositeur Kris Defoort. Cette même saison, il met en scène à l’Opéra Garnier à Paris, Trompe-la-mort, d’après Balzac sur une musique de Luca Francesconi.
Durant la saison, 2017-2018, Cassiers continue à se pencher sur le sort du réfugié qu’il a déjà abordé une première fois dans Borderline. À présent, il met en scène le spectacle l’intimiste La Petite Fille de Monsieur Linh d’après Philippe Claudel. Après une version en néerlandais à l’automne 2017, il crée une version française avec un comédien français au printemps 2018 ; en décembre de cette année suit une version catalane, La Néta del Senyor Linh, avec un comédien hispano-catalan qui interprétera aussi la version espagnole à l’automne 2019. À l’automne 2018, Cassiers reprend le fil du récit familial (entamé avec La Force de tuer) avec sa mise en scène de Vergeef ons (Puissions-nous être pardonnés), un soap sur une famille à la dérive, mais avec un dénouement heureux. « Une fête théâtrale, haute en couleur, brutale et très comique, interprétée par une distribution de rêve. » – Filip Tielens sur Klara, 23 février 2018
Au printemps 2019, Cassiers crée avec Arsenaal/Lazarus Bagaar, d’après Coup de Torchon, un film de Bertrand Tavernier de 1981. À travers cette adaptation, Guy Cassiers poursuit sa quête théâtrale dans les profondeurs les plus sombres de l’âme humaine, une descente qui l’a mené précédemment à des spectacles comme Atropa. La Revanche de la paix, Cœur ténébreux, Musil 3 : Le Crime, MCBTH, Sang et Roses, Le Chant de Gilles et Les Bienveillantes. En ce même printemps 2019, La petite fille de Monsieur Linh est recrée en version anglaise, Monsieur Linh and his Child, dont la première a lieu au Luxembourg.
À l’automne 2019, Guy Cassiers met en scène The Indian Queen de Purcell à l’Opéra de Lille. À l’automne 2020, il crée un double programme pour la Toneelhuis: Antigone in Molenbeek + Tiresias dans lequel les deux protagonistes remettent en question, chacun à sa manière, les lois de la société patriarcale (occidentale).
Au printemps 2021, Guy Cassiers mettra en scène April, d’après un texte de Willem De Wolf, autour du personnage d’April Glaspie, l’ambassadrice des États-Unis en Irak à la veille de la première guerre du Golfe, un conflit qui a irréversiblement redéfini les rapports entre l’Occident et le monde arabe. En juin 2021, Guy Cassiers crée une version française d’Antigone à Molenbeek + Tiresias, avec les actrices Ghita Serrj et Valérie Dréville dans les rôles principaux. En octobre 2021, il monte Démons d’après Dostoïevski à la Comédie française, à Paris, dans une adaptation du texte signée Erwin Mortier.
En janvier 2022 a lieu la première de Zeg aan de kinderen dat wij niet deugen, un hommage à l’un des plus importants poètes vivants de langue néerlandaise. Guy Cassiers clôture la saison 2021-2022 par une participation à Lonely Hearts Club Band, un projet collectif qui réunit tous les créateurs de la Toneelhuis en juin 2022 sur la scène du Bourla. Avec ce projet, Guy Cassiers achève en même temps ses seize ans de direction artistique à la Toneelhuis.